THE SEVENTH SIN
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 marley&lou ϟ « Let me breathe »

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Lou Finnigan
Lou Finnigan

AVATAR : hunter parrish
AGE : vingt-quatre ans
MULTINICKS : aucun
METIER : sans emploi
CITATION : « you only live once; but if you live it right, once is enough »
MESSAGES : 35
CREDITS : Keverdeen


marley&lou ϟ « Let me breathe » _
MessageSujet: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptySam 16 Avr - 18:52

marley&lou ϟ « Let me breathe » Tumblr_lgdmpnUb7O1qboiilo1_500

« Let me breathe »
Tout le monde a son jour préféré de la semaine. Pour beaucoup d'entre eux, ce jour est le samedi, puisqu'en ce jour, ils sont libres de faire tout ce qu'ils désirent globalement. Aller au parc, promener son chien pendant des heures, allez se dorer au soleil à la plage en été, partir avec les enfants, faire du vélo avec ses copains de la rue, finir son puzzle avec grand-maman. Dans tous les cas, le samedi est principalement le jour où les loisirs prennent place et les devoirs sont mit de côté, tandis que le dimanche, la nostalgie s'installe. La fin de semaine terminée, le dernier jour à profiter avant le retour d'une longue semaine de travail.

Le samedi n'était pas mon jour préféré. En fait, je ne l'aimais pas réellement puisque mes parents étaient tous les deux à la maison, ne travaillant pas ce jour-ci et désiraient passer du temps avec moi. Le samedi, généralement, je devais me lever tôt pour me rendre à l'hôpital, puis, je rentrais chez moi où mes parents restaient sur mon dos, s'inquiétant et s'intéressant de tout ce qui pouvait me toucher. Au fil des ans, j'avais apprit à considérer cela plus comme de l'amour que d'une séquestration. Pourtant, j'aimais ces jours de semaines où je pouvais être seul, passer la journée à peindre les paysages que je ne pourrais peut-être jamais voir de mes propres yeux à cause de mon infortune. Je m'en contentais, pour l'instant. Et puis, il y avait toujours mon propre jour préféré.

Le jeudi. J'aimais le jeudi. Le matin, j'étais « libre », aucun rendez-vous hospitalier. Parfois, cependant, je me rendais là-bas juste pour espérer croiser voire « soutenir » Marley. Mais le jeudi après-midi était le meilleur moment. Le frère de Marley étant absent, on avait l'appartement des St-James à nous seuls. Pas que nous effectuions des actes non catholiques là-bas, l'amitié étant la seule visible dans notre relation par le monde extérieur dans tous les cas, cependant, le fait d'être que nous deux, libres, seuls, avec des heures devant nous, me réjouissait totalement. Et cela faisait de chaque jeudis depuis sept ans, mon jour préféré de la semaine, mes jours préférés des mois et des années.

Allongés dans l'herbe fraîchement coupée du printemps, j'observais les nuages avec grand intérêt. Je me concentrais sur chacun d'entre eux, imaginant un autre monde, par-delà les cieux. Tandis qu'à mes côtés, Marley définissait les formes qu'elle voyait, je repensais aux illusions qu'avaient bercé mes temps d'enfance. L'on dit toujours aux enfants que les morts partent au Ciel. Pour moi, les nuages étaient le sol de ces morts, de ces anges. J'imaginais leur monde d'en bas, de sous les nuages, et encore aujourd'hui, ça m'arrivait de le faire, comme si cela existait vraiment. Je n'avais jamais prit l'avion pour me propulser au sein de ces mêmes nuages, et d'une certaine manière, ça ne me dérangeait aucunement. J'aimais l'innocence que je conservais de mon enfance.

Et ses doigts apparaissaient parfois devant mes yeux, montrant un nuage particulier qui ressemblait à quelque chose de singulier. Je souriais toujours, autant submergé par la simple et pure bonne humeur de Marley comme par son parfum. Ça avait toujours été le même, cette odeur me transportant loin de notre présent. Aujourd'hui encore, je le ressentais, mais plus les jours passaient, plus j'en étais dépendant. Plus je l'aimais, plus je le recherchais. Parfois, dans les magasins, une ressemblance se faisait sentir, mais ce n'était jamais Marley. Je pourrais chercher tous les magasins de New-York, du monde, j'étais presque certain de ne jamais pouvoir le retrouver. C'était quelque chose de bien trop précieux, bien trop unique, pour être enfermé dans une simple bouteille. Uniquement Marley pouvait détenir ce pouvoir sur moi, cette mélodie sensorielle sur Terre, cette effluve sacrée.

Ça faisait des années que mes parents me laissaient dormir le matin et que la machine nommée « réveil » n'avait plus usé de sa principale fonction dans ma chambre. Il n'était pas rare qu'ils rentraient et que je m'étais endormi devant la télévision ou quelque chose du genre. J'étais comme une machine à batterie usagée. Sauf qu'en l'occurrence, je ne savais pas trop où je pouvais me dénicher une autre batterie. J'avais continuellement besoin d'un rechargement, et mis à part le sommeil, rien n'avait vraiment d'effet. Ainsi, lorsqu'aucun rendez-vous ne s'annonçait, les nuits prolongées étaient d'actualité. Et ce jeudi matin en faisait partie. Selon ce qu'elle m'avait dit, Marley avait cours toute la matinée. Je la rejoignais l'après-midi, peu après le départ de son frère Drew pour le travail. C'est ainsi que vers midi je me réveillais et déjeunais avec mes géniteurs, cocktails d'aliments et différents médicaments. Puis, la table desservie et la vaisselle achevée, je me préparais pour ce rendez-vous amical. Le tintouin habituel se suivait jusqu'à ce que je sois présentable pour le monde extérieur, et l'heure restante se consacra à ma peinture.

Une des lignes des transports en commun passait directement devant la résidence où vivait les St-James, il nécessitait dix minutes de marche à peine pour s'y rendre, en comptant les étages à gravir dans son immeuble. Je finissais par me situer devant la porte au numéro d'or, et toquait quelques coups, guettant les sons venant de l'intérieur.
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MARLEY ϟ the girl on fire

Marley St-James
Marley St-James

AVATAR : Lyndsy Fonseca
AGE : Vingt-deux ans
MULTINICKS : David Mills
METIER : Étudiante en stylisme
CITATION : Quelqu’un entre dans notre vie et une partie de nous dit : « T’es tout sauf prêt ». Et l’autre partie dit : « Fait la tienne pour l’éternité ».
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MessageSujet: Re: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptyDim 17 Avr - 1:23


“marley'n'lou„
'Cause you give me something that makes me scared, alright. This could be nothing but I'm willing to give it a try. Please give me something 'cause someday I might know my heart. You already waited up for hours just to spend a little time alone with me.


C'était bizarre. Cette sensation.. Comme une décharge. Je courais et puis, d'un seul coup, je sentais que mes pieds ne touchaient plus le sol. Je volais. L'air qui s'engouffrait dans mes poumons était plus pur que n'importe lequel. En dessous de moi, il y avait New York. Mais je n'avais pas peur. Et puis, il y eu cette odeur.. Un mélange d'alcool à désinfecter, de pièce stérilisée, de médicaments, d'appareils médicaux. Et ce bip incessant qui, au fur et à mesure, était de moins en moins espacé jusqu'à ne former plus qu'un seul et même son qui brisait le silence de l'hôpital. Mon cœur s'emballa, ma respiration devint haletante. Et puis plus rien.

Je me réveillais en sursaut, couverte de sueur, le souffle court. Il me fallut une poignée de secondes pour réaliser que j'étais bien dans ma chambre puis mon regard se posa sur le radio-réveil qui se trouvait sur ma table de nuit. 6:59. Et merde, j'étais encore en retard. Je me levai alors dans un mouvement rapide, prenant un jean et un pull à manches trois-quart au passage, avant de me diriger vers la salle de bains à pas de loup. Drew devait encore dormir. A vrai dire, comme chaque jeudi, il allait partir travailler lorsque moi je reviendrais de ma matinée de cours. C'était comme ça. Quoi qu'il en soit, une fois dans la salle de bains, je me déshabillai et me glissai sous le jet d'eau bouillante. Comme à chaque fois, mes pensées divaguèrent.

Depuis sept ans, ma vie, que je voyais comme un compte de fée, était devenu un pseudo-enfer. Pseudo, oui. Car malgré la détection de ma maladie, j'ai toujours été accompagnée de personnes qui m'aidaient. Mais avoir le sida, ce n'est pas une partie de plaisir. Entre les médicaments à prendre alors qu'il n'existe aucun réellement traitement dont l'efficacité fut vraiment prouvée, les visites, plusieurs fois par semaine, à l'hôpital pour voir des médecins suivant avec insistance l'évolution de cette maladie qui vous tue à petit feu, qui vous empoisonne et qui se délecte de vous voir souffrir. Car oui, on souffre. Cette saloperie en elle-même n'inflige pas tant de séquelles physique qu'on pourrait le croire, mais votre moral en prend un sacré coup. Vous vous dites que vous n'êtes pas comme les autres, que vous n'aurez jamais une vie normale. Rien que votre vie sexuelle est bourrée de contraintes, à vrai dire. Vous ne pouvez pas réellement faire l'amour sans préservatif si la personne avec vous n'est pas au courant des risques qu'elle prendrait. Et dans tous les cas, vous n'avez pas le droit de jouer avec la vie des autres. Vous n'êtes pas Dieu, vous n'avez guère de libre arbitre là-dessus. C'est votre fardeau, pas celui de votre entourage. Quoi qu'il en soit, à bien y songer, ma séropositivité ne m'a pas apporté que des mauvaises choses et, pour être honnête avec vous, la première me venant à l'esprit est, et restera sûrement à jamais Lou. L'homme qui, avec Drew, a sûrement le plus d'emprise sur moi. Ma bouée de sauvetage, sans qui j'aurais sûrement déjà coulé à l'heure qu'il est. Ma rescousse émotionnelle, mon alter-égo, la partie de moi qui m'a toujours manqué durant quinze ans. Mon meilleur ami. Mon âme-sœur, peut-être même. Dans notre différence, nous étions les mêmes : deux bêtes de foire, des malades qui attiraient la plupart du temps la pitié des gens qu'ils croisaient. Avec lui, je ne craignait qu'une chose : la mort. Pas la mienne, ça non. A vrai dire, j'aimerais mourir avec lui, si je pouvais choisir. Non, en fait, je craignais la sienne, qu'il s'en aille avant moi et qu'il me laisse seule. On s'était promis de ne jamais s'abandonner, il y a longtemps, mais ce n'est pas nous qui décidons de l'instant où viendra notre jugement dernier. Malheureusement. Quand je le regardais, je ne pouvais m'empêcher de me dire que c'était lui qui m'avait sauvé, cet après-midi là, sept années auparavant, quand son regard à croisé le mien, quand il a prononcé les premiers mots, quand notre amitié naquit.

Mes cheveux attachés dans un chignon négligé pour ne pas avoir à les laver ce matin, je m'enroulais dans la serviette posée sur le radiateur de la grande pièce. Ma famille n'avait jamais manqué d'argent et, à vrai dire, mes parents se sentirent moins coupables par rapport à leurs absences lorsqu'ils nous offrirent cet appartement, à Drew et à moi. Un appartement luxueux, hors de prix, situé non loin de Central Park. Ils avaient claqué une somme monstrueuse en l'achetant. La salle de bains, par exemple, était faite entièrement de marbre, matériaux horriblement cher et très dur, très solide. Il ne valait mieux pas glisser. Tandis que je me séchait le dos, le torse et les épaules, mon regard fixait son reflet dans le grand miroir à travers les marques laissées par les gouttes d'eau sur la buée. Puis, dans un mouvement presque las, je fis glisser ma serviette de bain de long de mon corps jusqu'à ce qu'elle touche le sol, me retrouvant entièrement nue. Puis je restai là, à me fixer moi-même, durant quelques minutes, à me questionner intérieurement sur la façon dont tournait le monde. Mon monde. Et sur ce que j'avais fait pour mériter mon fardeau. Détachant mes cheveux, j'enfilai mes sous-vêtements, mon jean et mon t-shirt à manches mi-longues pour me diriger vers la cuisine où, comme chaque matin, se trouvaient mes médicaments, posés sur la table. Ce nouveau traitement, je l'expérimentais depuis une semaine. Cependant, j'avais omis de signaler à Drew et à Lou les possibles effets secondaires qu'ils risquaient de m'apporter. Parmi ces derniers se trouvaient, entre autre, un plausible arrêt du cœur, un dérèglement des fonctions rénales et des tremblements persistants. S'ils étaient au courant, ils m'obligeraient à tout arrêter. Je ne veux pas. C'est peut-être le bon, celui qui me sauvera. Au pire des cas, il fallait bien mourir de quelque chose. J'avalai alors les cachets en même temps qu'une gorgée d'eau et retournai dans ma chambre pour y chercher mon sac. Dedans se trouvait mes crayons, mes carnets, des épingles, des aiguilles, du fil, des bouts de tissus et des rubans. Le parfait trousseau de la petite couturière. Puis je sortis et partis en direction de l'université.

Malgré les trois uniques heures de cours de la journée, la matinée avait passer à une lenteur folle. Je cru que j'allais devenir cinglée. Entre le professeur de couture qui me tapait sur le système car il n'aimait pas ma façon de faire les points et Riley, l'étudiant de la classe de théâtre, qui m'avait collé tout le temps, ma tête manqua de justesse l'explosion. Lorsque la fin du cours arriva, ce fut comme un soulagement. Pour éviter de croiser O'Donoghue, je passai par la porte de derrière avant de rattraper rapidement le métro. Le chemin jusque chez moi fut ensuite très rapide, et je finis même par espérer pouvoir voir Drew avant qu'il ne parte à son tour. Faux espoir. Lorsque je pénétrai dans le grand appartement, il n'y avait pas un bruit, pas un chien. J'étais seule. Un soupire s'échappa d'entre mes lèvres tandis que je lisais le mot qu'il avait laissé sur la table. Désolé, j'ai du partir vite. Il y a des pâtes dans le micro-ondes. A ce soir, Drew. D'un geste machinal, je sortis le plat de spaghettis après l'avoir fait légèrement réchauffer, et je commençai à manger. Je détestais rester seule. C'était une chose qui m'angoissait au plus haut point. Cependant, je savais pertinemment que je ne le resterais guère longtemps : comme toujours, Lou n'allait pas tarder. Une fois mon assiette avalée, je débarrassai, fit la vaisselle, mit la machine à laver en route et sortit tout mon mic-mac d'apprentie styliste de mon sac, l'étalant sur la table basse en verre du salon. Une heure et demi à peine s'écoula que j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Le sourire aux lèvres, je me levai et allai ouvrir. Sur le pallier se trouvait, sans grande surprise, Lou. Mon sourire monta alors jusqu'à mes oreilles, et je me jetai instantanément dans ses bras, le serrant le plus fort que je le pouvais. Certes, nous nous étions vu l'avant-veille, mais je ressentais constamment ce besoin de le sentir prêt de moi, de n'importe quelle façon. Je finis par le lâcher au bout de quelques secondes, déposant un baiser sur sa joue, non loin de ses lèvres, lui souriant comme une enfant qui reçevait son cadeau de Noël. Comment ça va? Je ne le laissa même pas répondre que, le prenant par la main, je l'entrainais à l'intérieure, refermant la porte derrière lui d'un coup de pied.
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Lou Finnigan
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marley&lou ϟ « Let me breathe » _
MessageSujet: Re: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptyDim 17 Avr - 13:51

    Le premier jour où j'avais rencontré Marley avait marqué le début d'une toute nouvelle aventure. Cela faisait désormais plus d'un an que ma sclérose en plaques avait été détectée et que les traitements divers s'enchaînaient. Cela faisait des mois que mon entourage et moi-même commençaient à s'habituer de cette infortune qui semait sur nos vies des difficultés inestimables. J'ai eu la chance de grandir dans un foyer où l'argent ne manquait jamais vraiment, bien que mes géniteurs soient issus de milieux modestes. D'une certaine manière, leur malignité ne plongeait jamais leur compte en banque dans le rouge. Le seul problème qu'entraîna ma maladie n'était pas financier, simplement émotionnel.

    Ma naissance était autant une bénédiction qu'un triste présage dans ma famille. D'une certaine manière, enfanter de moi avait été tellement laborieux pour ma mère qu'elle n'avait jamais voulu avoir d'autres enfants, et se comblait de ma simple présence. Je ne pense pas que mes parents aient cherché un autre enfant en dehors de ma propre personne, sinon, probablement aurait-il surpassé cette crainte ou même été vers la solution de l'adoption. Pour eux, trois membres dans une famille les satisfaisait suffisamment sur ce plan-ci. Cependant, lorsque j'étais fraîchement victime de cette maladie qui pouvait compromettre la suite de ma vie, je me suis longtemps interrogé sur la présence d'un autre enfant. Je voyais vers le futur, bercé sans doute par les illusions des autres générations et la répercussions d'un simple nom de famille. A ce moment-là, j'aurais aimé avoir un frère ou une sœur, simplement pour que les conséquences généalogiques de l'avenir ne soient pas si ancrées dans ma famille. Cependant, probablement n'était-ce que de moi, probablement me faisais-je totalement une fausse idée sur les envies de mes parents, suivant un cliché installé depuis des siècles.

    Techniquement, mon état ne m'empêchait pas d'avoir d'enfants, pour la majorité des cas, tout du moins. Techniquement, j'étais capable de fonder une famille. Cependant, la sclérose en plaques est une maladie dont l'origine est plus que floue. Ce dont les chercheurs peuvent être sûrs, c'est que les enfants issus d'un parent atteint ont plus de chance de l'être par la suite que d'autres. Ainsi, risquerai-je la vie d'un être pour simplement connaître la paternité ? Oserais-je compromettre le destin de quelqu'un pour mon propre dessein ? Les chances devenaient bien trop barbares, et je ne voulais pas connaître la même souffrance que Ham à l'issue de la malédiction de Canaan.

    Et l'œuvre du temps produisait ses miracles. Au fur des années, tout n'était que coutumes et habitudes. Rien n'était réellement nouveau. Si un nouveau symptôme apparaissait, il ne suffisait que suivre la même marche que ceux qu'avaient tracés les autres. Tout devenait si simple, si banal. Cependant, à l'époque où j'ai connu Marley, les tensions et craintes dans la famille ne s'étaient pas adoucies. Au contraire, elles suivaient une courbe exponentielle qui menaçait l'implosion de quelques uns des membres entraînés dans cette nouvelle valse folle.

    Il ne m'avait suffit qu'un regard pour savoir qu'entre moi et Marley, tout ne faisait que commencer, et qu'on irait extrêmement loin. Ce n'était que des illusions par définition, pourtant, je m'attachais à elle et quelque chose en moi invoquait la persuasion. Néanmoins, Marley était un humain à la même manière que je le suis, un être qui a échoué la quête d'une bonne santé et qui doit se rendre à l'hôpital un peu trop souvent pour la plupart du commun des mortels. Toutefois, dans la loterie de l'univers, Marley avait tiré un numéro bien pire que le mien. Sa maladie effarait les ignorants, elle propulsait une certaine paranoïa à un point extravaguant. Les gens craignent la séropositivité, considèrent les souffrants de cette maladie comme des condamnés, ils les transforment en marginaux, ils deviennent les pestiférés de notre époque. Personne ne veut avoir affaire avec un séropositif s'il a le choix, s'il n'a aucune attache à lui. Par simple et égoïste préservation. Personne ne veut risquer sa vie avec une maladie ayant une zone de contagion plus élevée que d'autres, et des répercussions mille fois plus graves. Personne ne veut sortir de sa zone de confort pour tenter le Diable. Même si ce Diable est la plus jolie femme du monde.

    J'aurais très bien pu battre en retraite, comme beaucoup l'auraient fait. Rester courtois avec la jeune St-James mais ne pas m'approcher pour autant, ne pas fonder ce lien qui nous étreint désormais l'un à l'autre. J'aurais pu empêcher ma curiosité à son égard, mon attirance pour elle. J'aurais pu me baser sur l'argument qu'une maladie était assez, risquer d'en attraper une autre ne valait peut-être pas le coup. Mais cela était tout bonnement stupide. Cela n'était que paranoïa. Comme l'homme qui craint attraper un cancer en mangeant avec un cancéreux. Il faut se placer des limites, il faut s'instruire au lieu de nourrir cette hiérarchie sociale de gens à accepter ou pas. Marley avait composé le premier affront que j'avais dressé contre mes parents. Je les connaissais si bien, que je savais pertinemment les mots tabous, leurs réactions face à telles situations. Je savais que si je leur avouais la véritable maladie de Marley, ils craindraient et m'obligeraient à rester loin d'elle. Ils ne m'auraient jamais fait confiance, ils ne me considéraient pas comme un homme capable de réfléchir lorsque j'avais dix-sept ans. Pour eux, j'étais encore un gamin insouciant qui s'amuse dans un bac à sable. Je n'étais pas la personne capable d'agir avec réflexion envers quelqu'un. Alors, j'avais repoussé la vérité. J'avais choisit Marley à défaut de mes parents. J'avais choisit le mensonge à défaut de la vérité. Et même si cela n'était pas loyal, même si cela pouvait paraître totalement sans reconnaissance aucune, je n'avais jamais pu le regretter.

    Certes, mes parents avaient finit par l'apprendre. Mais lorsque la nouvelle les avaient atteint, rien n'aurait pu me séparer de Marley. Même pas leur désaccord. Notre amitié était déjà bien trop solide pour être brisée par un intervenant extérieur. C'était trop tard, le mécanisme avait déjà était enclenché, l'histoire scellée. Et à mesure des disputes et arguments, plus aucun Finnigan ne pouvait s'opposer à ma relation avec la jeune femme. Et rapidement, elle devenait à elle-même une médication, une habitude.

    Je levais mon poing contre la porte de l'appartement des St-James, un sourire étira légèrement mes lèvres, et quatre coups se firent entendre contre le bois. Instantanément, les pas légers de Marley parcoururent l'appartement et s'arrêtèrent sur le seuil de ce-dernier. Puis, la porte s'ouvrit sur son visage. Son sourire illumina son visage et je la réceptionnais comme à mon habitude dans mes bras, répondant à son étreinte. Un baiser sur la joue, j'inspirais profondément son parfum, ses cheveux taquinant mon cou.

    « Comment ça va ? »


    Elle m'entraînait dans son appartement et je lui emboîtais le pas. La porte se refermait derrière nous et bientôt, le salon apparut. J'observais le matériel de Marley étalé sur la table basse, ne lâchant pas tout de suite sa main. Nos jeudis ensemble n'avaient rien réellement d'extraordinaire pour un couple normal d'amis. La seule chose qui l'éloignait de la normalité était que c'était le seul jour où nous pouvions vraiment agir comme n'importe qui. L'extraordinaire de ce jour constituait en la normalité qu'il possédait. Pas d'hôpitaux, pas de maladies, pas d'autres. Juste nous deux, simplement, et dans toute la beauté de cette simplicité. Ses doigts se dérobèrent des miens, et je répondais :

    « Ça va, et toi ? »

    Je m'installais sur le plancher du salon, à un rebord de la table. Je laissais mes doigts couler sur une chute de tissus, le soleil inondant généreusement l'appartement et apportant de sa chaleur sur une de mes jambes. Je levais de nouveau mes yeux sur Marley qui me rejoignait, et l'interrogeais, pour la millième fois depuis notre rencontre :

    « Quand est-ce que tu me laisseras te peindre ? »

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Marley St-James
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MessageSujet: Re: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptyDim 17 Avr - 22:15


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'Cause you give me something that makes me scared, alright. This could be nothing but I'm willing to give it a try. Please give me something 'cause someday I might know my heart. You already waited up for hours just to spend a little time alone with me.


Avant Lou, je n'avais jamais ressenti ça. Ce besoin constant d'avoir une personne à mes côtés, peu importe dans quelles circonstances. Lorsqu'il était là, c'est comme si tout l'oxygène de la pièce avait été aspiré. Je ne suffoquait peut-être pas, mais les choses étaient différente avec lui. Différente mais dans le bon sens, celui montrant que, grâce à lui, je me sentais bien, je me sentais vivante. Je me sentais moi. Entendre le son de sa voix m'était devenu nécessaire. Lui seul savait comment si prendre avec moi lorsque ça n'allait pas. En sept années, on s'était mutuellement découverts. Par n'importe quel mot, n'importe quel geste, il était capable de me remonter le moral, ou de me calmer. On se supportait, se consolait mutuellement dans les coups durs, comme la dégradation de l'état de santé de l'un de nous. Je me souviens encore d'un moment particulier, si fort qu'il m'a sûrement marqué à jamais. J'avais dix-huit ans, et Lou m'avait accompagné à mon rendez-vous médical hebdomadaire. J'avais fait, la semaine précédente, une batterie d'examens de contrôle, pour voir si tout aller bien. L'un comme l'autre, nous espérions une nouvelle positif. Ce ne fut pas le cas. Le médecin était revenu nous voir, mon dossier médical à la main, un air dépité sur le visage. Tout de suite, nous avions compris. Le traitement n'avait plus aucun effet et le personnel de l'hôpital n'en avait guère d'autre à me proposer. L'homme me promit alors qu'il ferait son possible pour trouver une solution, d'autres médicaments plus actifs sur mon organisme, mais qu'en attendant, l'absence de cachets auraient des conséquences sur mon état de santé, déjà bien assez mauvais comme ça. Fatigue quasi-constante, sensibilité étonnante, lunatisme incroyable. Je n'avais échappé à aucun de ces effets. Et pourtant, pendant tout ce temps, il était avec moi. J'ouvrais les yeux, il dormait à mes côtés, 'au cas où'. Je les fermais le soir, il me tenait dans ses bras. Je crois vraiment que c'est à ce moment là que j'ai compris à quel point je pouvais tenir à lui, à quel point sa présence m'était vitale.

Un soir, j'eus ma mère au téléphone. Elle était avec mon père en Indonésie tandis que Drew et moi étions restés, évidemment, à New York. C'était juste après le passage de l'absence de traitement. Au fur et à mesure que je lui racontais ce que Lou faisait pour moi, elle me disait qu'elle voudrait le rencontrer et que, un jour peut-être, elle reviendrait à Big Apple pour avoir le plaisir de faire sa connaissance. Ces propos me faisaient sourire tout autant qu'ils me blessaient : ils sous-entendaient qu'elle ne reviendrait peut-être pas et, si par miracle ce serait le cas, ce ne serait pas pour voir ses enfants. Apres un léger silence, je me souviens qu'elle avait ajouter qu'elle aimerait, malgré tout, être invitée à notre mariage. Instinctivement, je lui ai demandé de quel mariage elle parlait. Elle me répondit celui de Lou et de moi-même. Mon cœur s'était serré et, apres avoir raccroché le combiner du téléphone, je me suis mise à imaginer ma vie si, par miracle, lui et moi nous marrions. Comment assurerons nous nos deux maladies? Est-ce que nous arriverions à gérer comme on le fait si bien aujourd'hui? Où irions nous vivre? Aurions nous la force physique de quitter New York? Combien aurions nous d'enfants? Et surtout, pourrions nous en avoir? En nous mariant et en faisant des marmots ensemble, nous augmentions chacun la possibilité que notre descendance soit atteinte soit de la sclérose en plaque, soit du sida. Si nous venions à coucher ensemble -chose que je n'avais jamais envisagé avant ce jour- et ce sans nous protéger, je risquais de lui donner ma maladie en plus de la sienne et, pour être honnête, je ne pense pas que quelqu'un puisse supporter la charge de deux traitements pour deux fardeaux aussi lourds, et si ça venait par malheur à arriver, je ne pourrais plus me tenir dans la même pièce que lui, ni même me regarder dans la glace. Jamais.

Ma main dans la sienne, sa main dans la mienne, j'avançai dans l'appartement jusqu'au salon immense avec ses fameuses baies vitrées. Les jours d'étés sans la climatisation, il y régnait une chaleur quasi-insoutenable. Pas moyen de trouver un coin d'ombre dans les pièces de notre habitation si ces dernières étaient orientés vers Central Park Sud : toute cette façade de l'immeuble était en verre et, par conséquent, à moins d'avoir de bons doubles rideaux, c'était impossible d'avoir sa part d'intimité pour les gens des premiers étages. Encore heureux pour Drew et moi, nous habitions au quatorzième étage. Gardant nos doigts mêlés, ne voulant pas mettre fin à ce contact, j'entendis la voix de Lou derrière moi. Ça va et toi? A vrai dire, pour des gens comme nous, il n'y avait pas vraiment de réponse à cette question puisque, après tout, nous n'allions jamais réellement très bien. Sauf quand nous étions ensemble. Toujours avec le sourire aux lèvres, je tournai la tête vers lui. Et bah écoute, bien aussi. Je lâchai de nouveau un petit rire. Dès qu'il faisait son entrée dans la pièce ou le lieu où j'étais, j'oubliais ce qui rythmait ma vie. Avec lui, j'étais normale. Tandis que je lâchai sa main et que je me dirigeai dans la cuisine pour aller chercher de quoi boire, Lou s'assit à même le sol, en face de la table que j'avais transformé, le temps d'un midi, en 'plan de travail'. Je revins alors avec, sous les bras, bouteilles d'eau, de sirop, de coca et de limonade et, dans la main droite, deux verres. Alors que je dégageai un peu de mes tissus, fils, aiguilles et colles pour poser ce que j'avais ramené, je m'assis en face de lui, sans le lâcher du regard. A peine eus-je le temps d'ouvrir la bouche pour parler qu'il me posa, pour la énième fois, une question : Quand est-ce que tu me laisseras te peindre ? Je souris, baissa la tête, légèrement gênée. Le nombre de fois où il me l'avait demandé et où je lui avait donné une réponse négative était incalculable. Et pourtant, je n'avais aucune réelle raison de refuser, si ce n'est ma gêne et ma pudeur naturelle qui me suivait depuis le début de mon adolescence, à la fin de la période où, comme la plupart des gamins, j'osais sortir en petite culotte dans le jardin. Me mordant légèrement la lèvre inférieure, je relevai le visage, posant mon regard dans le sien, remettant une de mes mèches de cheveux. Lou.. Pourquoi tu veux autant que ça me peindre? Après tout, avec ton sourire charmeur et ton regard qui ferait fondre n'importe qu'elle fille, tu pourrais dégoter des modèles beaucoup plus belles et charismatiques que moi, et tu le sais. Ou du moins, si tu ne le savais pas, maintenant c'est le cas. Penchant la tête sur le côté, je lui adressai un sourire légèrement triste. C'est vrai ça : Lou était un garçon, un homme vraiment très beau, plein de charme, et qui savait se mettre en valeur même sans y faire forcément gaffe. Beaucoup de filles craquaient sur lui et, même si en sept ans je ne lui ai connu aucune réelle petite-amie, j'avais cette peur en moi, certes égoïste mais également incontrôlable, qu'un jour l'une d'entre elles déboule dans sa vie et vienne me l'arracher pour l'épouser et lui faire des enfants. Tandis que Moustache, mon chat obèse que Drew m'avait offert quand on a découvert ma séropositivité, s'installer sur mes genoux, j'eus un pincement au cœur.
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Lou Finnigan
Lou Finnigan

AVATAR : hunter parrish
AGE : vingt-quatre ans
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CITATION : « you only live once; but if you live it right, once is enough »
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marley&lou ϟ « Let me breathe » _
MessageSujet: Re: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptyLun 18 Avr - 21:34

    Chaque individu sur Terre possède une passion, tout comme un talent. Parfois, le talent vint avec l'effort de la passion, d'autres fois, il s'agit du talent qui fait naître la passion. Dans tous les cas, malgré le pessimisme de beaucoup, tout le monde possède cette chose unique que les dieux leur ont offert dès leur naissance, sur cette route qu'on nomme destin. Personne n'est oublié, rien n'est joué au hasard. Les hommes se plaisent à le penser, imaginer qu'ils sont libres et que rien ni personne ne peut les contrôler, qu'ils sont les propres maîtres de leur vie. Ce n'est pas totalement faux non plus. Mais imaginez, vous-même ne pouvez pas être libre de vous-même. Votre personnalité, vos expériences passées, font que vous choisirez toujours la même solution, que vous produirez peut-être même éternellement les mêmes erreurs. Aucun être humain n'est immunisé contre cette règle de l'ordre, même dans le plus vaste des tourments. Ainsi, tout ce qu'il nous reste à faire réside en une seule et unique chose : se contenter de vivre sans y penser. Exploiter ce que le destin nous donne et offrir que très peu d'importances à la sinuosité du chemin. Ne pas chercher l'impossible ni l'inexistant.

    Probablement cette façon de voir m'avait permit à avancer, à mûrir plus vite que les autres. Tel un joueur de hockey fracassé contre la glace, j'étais gâché. La sclérose en plaques m'avait brisé. Elle m'avait rendu craintif, elle m'avait invoqué de nouvelles limites que moi-même j'avais désiré inconsciemment. Le pire de l'histoire est probablement qu'il ne faut pas quelque chose d'aussi grave qu'une maladie incurable pour en venir à ce point-là. N'importe quoi, dès vos premiers jours peut-être même vos premières heures, dressent ces barrières érigées de vos propres mains. Je possédais mes craintes, je possédais mes limites. Tout ce que j'avais à faire était de vivre dans le périmètre sécurisé que je m'étais moi-même établit. Non pas mes parents ou médecins ni même Marley : moi. Simplement moi. Et cela, peut être vu d'une certaine manière comme liberté.

    La peinture était mon talent, ma passion. J'étais né avec elle, elle m'avait appelé dès mon plus jeune âge. Chaque enfant est prédestiné ou conditionné à devenir quelqu'un en particulier. Pour ma part, la peinture avait été mon havre. J'étais attiré par les couleurs, les formes, puis ensuite, la possibilité de représentation et d'interprétation par la peinture. Je ne m'en lassais jamais, contrairement à ces adolescents continuellement en recherche de la chose qui les fera enfin vibrer, cette chose dont il ne pourrait jamais se fatiguer, cette chose qui occupe parfois leur rêve ou à laquelle ils pensent lorsqu'ils s'ennuient en cours. Ils tireront les profits et les merveilles de cette dite chose. Et bientôt, bien qu'elle eut été grandiose dès la première seconde de sa remise en jeu, elle deviendra encore plus imminente, frisant l'inestimable, frôlant la perfection.

    Dans la peinture, je voyais ce que le savant voit dans l'univers. Le tout et le rien. Contempler cette toile blanche pendant de longues minutes, parfois même des heures, et la considérer comme l'être humain naissant qui n'attend qu'à être infligé de ces cicatrices laissées par le Temps et ses actes et former une œuvre totalement différente du monde. Presque extra-terrestre, bien que la ressemblance avec les siens demeure frappant. Jouer dans l'infini des nuances et de formes, ou tout simplement, copier à sa sauce ce que l'œil humain pense voir. Jeune, mon rêve avait été de parcourir le monde et de nourrir ma passion jusqu'à l'extrême, d'élargir ma mémoire oculaire, d'avoir la tête bourrée d'idées et souvenirs que je tenterais de retracer sur papier avec tout ce qui faisait de moi un homme. Et je n'avais jamais perdu ce rêve, bien qu'il fut détrôné sanspitié à une certaine période de mon adolescence, lorsque j'avais rencontré Marley.

    Cela peut paraître horriblement cliché, mais cette femme-ci, était bien plus qu'un ange que la providence m'envoyait. Elle était le monde, et plus encore. Elle était la femme qu'on ne pouvait mettre sur toile, la femme qu'on ne pouvait définir car l'humain est bien trop sot. Elle était tout cela, pourtant, je voulais le faire. Je voulais me brûler les ailes à la peindre, à la figer sur une toile. J'ignore quel sentiment puéril se situe sous ce désir, cette drôle de possessivité à son égard, cette obsession quasi malsaine. Pourtant, ma vie ne serait accomplie si jamais je ne possédais la permission de la peindre, dans les règles basiques de l'art. Et à défaut de rendre la perfection, de rendre honneur à l'âme de Marley, j'y aurais saigné mon cœur sur cette toile. Et cela, jamais je ne l'oublierais. Cet unique fait me consolerait à travers les années qui suivraient.

    « Lou.. Pourquoi tu veux autant que ça me peindre? Après tout, avec ton sourire charmeur et ton regard qui ferait fondre n'importe qu'elle fille, tu pourrais dégoter des modèles beaucoup plus belles et charismatiques que moi, et tu le sais. Ou du moins, si tu ne le savais pas, maintenant c'est le cas. »

    Je laissais la chute de tissus se dérober avec fluidité entre mes doigts avant de relever mes yeux doucement sur Marley, comme si je craignais la briser avec mon regard. Je n'avais jamais été quelqu'un de réellement expressif. Je n'étais pas non plus quelqu'un qui demeure de marbre, loin de là. Seulement, j'avais appris à trouver un juste milieu, parfois basculant davantage dans la passivité que l'activité, certes, mais je m'en complaisais. J'évitais les conflits, bien que j'étais assez franc pour prononcer ce que j'avais sur le cœur. J'employais un ton à la fois assez catégorique et délicat pour qu'aucun feu ne soit que rarement nourrit entre mon interlocuteur et moi. En compagnie de Marley, cette stratégie, si l'on pouvait la nommer ainsi, prenait toute son ampleur. Je refusais de me battre avec elle, d'entretenir quelconques sentiments mauvais pour sa personne ou tout simplement, qu'une gauche rancune se loge dans notre amitié. Et je voulais encore moins être l'auteur de l'instauration d'une nouvelle dimension à notre relation bien que beaucoup considéraient alors l'intérêt que nous portions l'un pour l'autre plus sain qu'il ne le semble. J'attendais qu'elle croise mon regard, et alors que nous nous contemplâmes quelques secondes, je prononçais simplement :

    « Mais c'est toi que je veux. »

    Je ne baissais les yeux, augurant déjà qu'elle ne tarderait à le faire. Marley ne réalisait pas à quel point elle était belle et unique. Elle ne réalisait peut-être pas l'importance et la majesté qu'elle avait à mes yeux. Et peut-être cela était ma faute. Peut-être l'avais-je encouragée dans cette voie en refusant de la forcer à voir à quel point elle était encore plus que parfaite. A quel point la peindre était inestimable à mes yeux et comment cela, paradoxalement, me tuerait mais me donnerait des ailes, tant elle était tout ce qu'il ne devait exister sur cette Terre. A mes yeux, elle était telle une étrangère. Une âme qu'on aurait dérobé à une espèce davantage développée et qu'on aurait affligée de malheurs afin de voir son évolution. Le protocole avait remporté la partie. Elle s'était absorbée des craintes des humains, de la pudeur et la subjectivité poussant à la négativité de soi-même. Je ne me jugeais pas mieux, en aucun cas. J'étais sans aucun doute pire qu'elle. Cependant, toujours rythmé par ces drôles de sensations, je ne pouvais ternir ce besoin de la colorer sur ma toile. De la rendre, de l'éternaliser de mon propre point de vue. Du point de vue du misérable homme que je composais.

    Je ne voulais pas des autres. Les autres m'indifféraient. Elles se ressemblaient toutes, elles étaient toutes les mêmes, ayant simplement un soupçon de différence qui faisait qu'avec un peu de chance ou beaucoup d'entraînement, l'on parvenait à les distinguer. Je ne voulais pas connaître ces autres, je ne voulais pas me noyer dans cette foule de semblables qui, j'en étais persuadé, n'avait pas la profondeur innée que possédait et rejetait Marley inconsciemment sur le monde. Ces filles qui complexaient mon interlocutrice étaient si anodines comparées à elle. Cependant, avouer cela à la jeune femme équivaudrait probablement à une déclaration d'amour, ou tout du moins, propulserait notre discussion dans des termes plus qu'ambigües qui pourraient mener notre jeudi sacré à sa perte. Et les prochains qui suivront. Plus les autres jours de la semaine, et celles qui suivraient également. Le monde tournerait alors plus rapidement, à une vitesse vertigineuse et nous imposerait d'agir à la même rapidité que lui. Dans cette hâte folle qui obéit à l'adage du « Ça passe ou ça casse ». Je ne voulais pas prendre ce risque. J'optais pour la simplicité. Et d'une certaine manière, je préférais que l'autorisation vienne de son cœur plutôt que du mien.

    Mais les mots que j'avais prononcé retombaient tels des goutes de pluie sur une vitre floue de laquelle je contemplais Marley depuis des années. Et je repensais à l'ambiguïté même de ma phrase. Au « je te veux » si simple, si pur, si vrai. Mais si périlleux. Sans le vouloir, je m'étais jeté à l'eau. Sans le vouloir, les interprétations pouvaient fuser. Sans le vouloir, j'avais le choix de les assassiner ou les laisser faire. Ma tête hurlait d'ajouter ce simple verbe qui transformerait l'immense pas que j'avais produit inconsciemment comme feinte maladroite, ce « Peindre » superflu mais si généreux par son absence. Ce fut alors moi qui baissais les yeux le premier sur la table basse du salon.
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MARLEY ϟ the girl on fire

Marley St-James
Marley St-James

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MessageSujet: Re: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptyLun 18 Avr - 23:40


“marley'n'lou„
'Cause you give me something that makes me scared, alright. This could be nothing but I'm willing to give it a try. Please give me something 'cause someday I might know my heart. You already waited up for hours just to spend a little time alone with me.


Rachel n'arrêtait pas de me le rabâcher. A chaque fois que l'on se donnait rendez-vous, elle me le répétais inlassablement, à tel point que s'en devenait presque énervant. Selon elle, j'étais tombée amoureuse de Lou dès ma première rencontre avec lui. Il était vrai que j'avais eu le cœur qui battait la chamade, mais j'avais toujours mis ça sur le compte qu'il était comme moi, différent lui aussi, bien que le fait qu'il soit beau garçon n'ai jamais été passé à la trappe. Car oui, c'était vrai, c'était même une évidence : Lou était beau. Il avait également énormément de charme avec ses yeux bleus qui vous donner l'impression de vous transpercer, ses pommettes saillantes lorsqu'il souriait, sa voix lorsqu'il vous réconfortait, l'expression qu'il avait sur le visage lorsqu'il peignait. Toutes ces petites choses, ces détails, ces 'trucs en plus' que les autres n'avaient pas faisaient qu'il était unique. Certes, en soit, chaque personne l'est. Mais lui.. Il l'était encore plus. Personne n'avait son caractère, sa passion. Personne n'avait non plus le courage de me supporter, parfois nuit et jour, et ce sans faillir une seule fois. On combattait ensemble nos maladies, essayant de se montrer optimistes, croyant au fait qu'on pourrait un jour les mettre chaos. Et à vrai dire, pendant un temps, j'y avais cru, moi. Plus fort que tout. Il ne m'avait fallut qu'un de ses sourires qui m'avaient désormais rendu accro pour reprendre espoir, à la sortie de cette salle d'examen. Avec lui, la maladie n'était pas un tabou. On se parlait réellement, se donnant nos résultats lorsque nous n'étions pas allé les chercher ensemble. Je sais très bien que sans Lou, j'aurais sombré. Je n'aurais jamais tenu. Même si Drew faisait de son mieux, il ne comprenait pas ce que j'endurais. C'était la même chose pour Rachel. Ils vivaient la maladie par procuration mais, en réalité, ils ne savaient pas ce que cela représentait vraiment. Ils n'avaient pas des rendez-vous constants à l'hôpital, des médicaments à prendre trois fois par jour à intervalle régulier alors que votre maladie est jugée incurable, la peur de ne jamais réveillé lorsque l'on ferme les yeux. C'était l'une des choses que je partageais avec lui, et seulement lui. Tout comme cette complicité que je n'avais avec personne d'autre. C'est bien simple : Lou était le seul à qui je racontais tout, ou presque. La seule chose qu'il ignorait, c'était toutes ces choses que mes proches prétendaient sur lui et moi. Rachel était certaine que quelque chose s'était déjà passé, ou avait failli se produire. Ma mère et Drew, eux, pariaient tous les deux sur qui fera le premier pas vers l'autre et même sur le fait que nous allions, oui ou non, finir notre vie à deux. Chose qui ne serait pas difficile vu l'espérance de temps à laquelle elles étaient réduites.

Je n'avais jamais connu d'autres hommes que Drew et Lou, hormis Jayson qui, lui, était un cas foutrement à part. Il connaissait mon frère, de je-ne-sais-où d'ailleurs, et n'avait jamais porté grand intérêt sur ma personne, sauf pour s'amuser de temps en temps en me critiquant, des choses comme ça. Jusqu'au jour où je me suis muée en vraie garce, pour me préserver. D'un coup, comme par miracle, il m'a trouvé beaucoup plus intéressante, et c'est là que le.. jeu à commencé. Tandis qu'il essayait de se glisser entre mes jambes, je prenais un malin plaisir à le chauffer et à partir ensuite, le laissant comme un con. Mais les choses s'arrêtaient là. Je ne comptais pas faire plus avec lui. Je n'aurais pas pu. Ce type fait parti des gens qui, dans leur comportement, m’écœurent. Sa façon de se taper tout ce qui a un vagin était exaspérante. De plus, je ne voyais pas ce que les filles lui trouvaient. Aucun charme, aucun charisme, aucune prestance.. On ne pouvait même pas dire qu'il était gentil, ç'aurait été un mensonge. Il n'arrivait pas à la cheville des deux seuls autre hommes que je fréquentais. Loin de là, même.

Moustache ronronnait d'un air satisfait sur mes genoux tandis que je le caressais derrière les oreilles, toujours ce pincement au cœur. J'avais réalisé à quel point il plaisait et maintenant, j'avais la certitude que ce n'était guère que pour son physique : c'était sûrement l'homme le plus adorable, gentil que je connaissais. Et je savais qu'un jour ou l'autre, ça arriverait. Il rencontrerait une fille et il en tomberait amoureux. Il passerait ses après-midi de libres avec elle, et non plus avec moi. Il filerait le grand amour et, même si je prétendrais être heureuse pour lui, je ne pourrais m'empêcher de haïr cette fille et de lui en vouloir, en quelques sortes, de m'abandonner pour une autre. Je sais, c'est égoïste. Tellement que ça en deviendrait presque hideux. Mais je ne pouvais m'empêcher de le penser, c'était plus fort que moi, plus fort que ma raison. De plus, Rachel et Drew m'avaient collé le doute. Et si cette jalousie n'était pas présente que par simple attachement amical? Et si Lou représentait plus pour moi que n'importe qui d'autre? Et si mon meilleur ami n'était, au final, pas que mon meilleur ami? Après tout, sur les murs de ma chambre, les photos qui étaient accrochées ne représentaient que lui et moi, dans tous nos états. Dès que je parlais, son prénom venait automatiquement dans la conversation, ce qui pouvait parfois énerver. Alors que je me plongeais petit à petit au milieu de toutes ces questions, toutes ces évidences, sans pour autant lâcher son regard, la voix du blondinet me sortit de mes pensées. Mais c'est toi que je veux. Sa réponse m'avait déconcerté. Il me voulait. Mais pourquoi? Et dans quel sens? Tout se mélangeait, s'emmêlait, sans que je ne puisse rien y changer. Ma vie n'avait guère de sens sans lui, c'était certain. Mais.. Étions-nous prêt à mettre un terme à notre amitié pour commencer une histoire plus sérieuse? Dans tous les cas, plus rien ne serait jamais plus pareil. Si on s'aimait vraiment l'un l'autre sans pour autant que l'on se mette ensemble, notre amitié en prendrait un coup. Si on s'aimait et que l'on se mettait en couple, notre amitié laisserait place à un amour encore plus fort, mais le risque de tout perdre si jamais ça se finissait entre nous serait constamment présent. Avant lui, je n'avais jamais connu ça, je n'avais jamais été amoureuse, à supposé que je le sois désormais. Je ne savais pas comment m'y prendre. Il finit par baisser les yeux, et je soupirai, soufflant en même temps un : Et je suppose que tu n'as rien pour peindre sur toi, pas vrai? Ma question reflétait une certaine complicité, comme si je cherchais à m'échapper de toutes ces interrogations. Je détachai alors mes cheveux, les laissant onduler sur mes épaules, avant de me passer une main dedans pour les coiffer. Je lui souris, sincèrement, puis je me relevai, obligeant Moustache à bouger son arrière-train du creux de mes jambes. Je pris ensuite dans mes bras toutes les chutes de tissus et le matériel que j'utilisais pour mes cours avant de me diriger dans ma chambre. Contrairement à d'habitude, je pris étrangement mon temps, faisant un récapitulatif de tout ce qui s'était passé en un laps de temps si court dans ma tête. Mes yeux parcoururent les murs de la pièce. En sept ans, on en avait fait un sacré paquet, de photos. Et sur certaines, s'était vrai qu'on ressemblait à un petit couple. Ce fut alors comme une sorte de révélation. S'il m'aimait, je ne voulais pas laisser passer cette occasion. Il fallait que j'arrête de me voiler la face : c'était évident qu'ils avaient tous raison. J'avais des sentiments pour lui, et ce depuis le début. Un coup de foudre si durable qu'il avait intégré mon quotidien. Déposant toutes les fournitures sur mon lit, je retournai dans le salon. M'appuyant sur le canapé, je plantai mon regard dans le sien avant de lui demander, d'un air entre la supplication et l'espérance : Tu m'aimes. Vrai ou pas vrai? Cela pouvait passer comme un aveu, une déclaration. J'espérais seulement recevoir une réponse positive.
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Lou Finnigan
Lou Finnigan

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marley&lou ϟ « Let me breathe » _
MessageSujet: Re: marley&lou ϟ « Let me breathe »   marley&lou ϟ « Let me breathe » EmptySam 23 Avr - 0:00

Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours tenté de contrôler ma vie un maximum, de me préserver des mauvaises surprises, en particulier celles concernant des interactions avec d'autres personnes de mon entourage. Je connaissais les cordes sensibles et les sujet qui fâchent, ainsi, j'évitais de les employer pour ne pas avoir à entretenir ou fuir une conversation désagréable. Tout comme je n'ai jamais été quelqu'un qui s'imposait réellement, qui demandait toujours des services ou faveurs de la part de ses relations. J'ai rarement était quelqu'un qui jouait à pile ou face avec la réponse de son interlocuteur. La plupart du temps, je méprisais ce jeu de hasard, car je n'ai jamais été fan de ce sentiment de suspens. Même enfant, je n'aimais pas les surprises, l'attente me rendait presque malade. Peut-être était-ce un mauvais jeu du sort qui savait, un sadisme absolu qui savait que en pleine adolescence, j'aurais droit à un nouveau régisseur de mauvaises surprises, d'infâmes attentes, de jeu de pile ou face, de oui ou non. Probablement savait-Il tout cela, et probablement avait-Il une raison d'affliger ces horreurs à moi plutôt qu'une autre personne. Je suis persuadé qu'il y a une raison, que bientôt, mon acheminement faisant, je trouverais cette réponse qui serait telle la conclusion de ma vie. Je me rattache à cet espoir comme à une de mes trop maigres bouées de sauvetage. Et le pire de l'histoire, c'est probablement que je m'en complais.

Il y avait aussi ces revirement de situation ou ces fuites. Vous savez, lorsque vous prononcez certains mots sans intention particulière – ou du moins, sans intention consciente particulière – mais qu'après quelques petites secondes de réflexion, tout se lie dans votre esprit et vous vous rendez compte de la perche que vous venez de tendre à votre interlocuteur, de la bêtise ou du pas énorme produit. Cette prise de conscience n'est pas réellement ce qu'il y a de plus merveilleux comme sentiment non plus sur Terre, puisque quoi qu'il advienne, elle demeure subjective. Vous n'aurez jamais la certitude complète que votre raisonnement est le bon, sachant qu'il faut être deux à ce jeu là. Qu'il faut la personne qui voit et retient la perche, ou la laisse tomber, ou feint de l'avoir vu. La vie est un jeu, les relations humaines en compose une si grande partie que je me demande comment nous faisons pour vivre en société et avoir tant besoin des autres. Je regarde souvent ces lycéens, ces collégiens, ces groupes d'amis de plus de cinq, pour qui aucune loi n'est imposé, que rien ni personne ne peut briser. Et je me demande comment l'on peut entretenir quatre relations en même temps, comment on peut ne pas préférer quelqu'un à un autre. Comment on ne peut pas vouloir favoriser ce préféré et approfondir au maximum cette relation. Comment ne pas prendre le risque de mettre tous ses œufs dans le même panier. Je ne comprends pas ça. Je suis probablement si couard que je préfère placer toute mon affection dans Marley et uniquement Marley. Mais pas n'importe quelle affection. Je doute même que ce mot convienne. Je place l'essentiel en Marley, l'innommable, l'inestimable, l'improbable. Cela ne m'empêche pas d'avoir d'autres amis, mais ma relation avec eux est si terne, si superficielle. Et puis, à choisir entre cinq relations superficielles et une unique relation travaillée, mon choix est rapidement fait. C'est comme une œuvre qu'on chérit encore et encore et à laquelle on ajoute des couleurs, des éléments, des courbes, pour faire d'elle un chef-d'œuvre, une merveille, plutôt que de peindre quatre tableaux en même temps et qu'ils soient, en définitive, simplement ordinaire. Qu'ils n'aient rien de particulier, et qu'un beau jour, tout le monde les aura oublié, même le peintre. C'est exactement la même histoire. Je ne veux pas finir ma vie avec aucun souvenir, avec aucune empreinte. Je ne veux pas être une feuille vaguement tâchée qui ne se souvient même plus d'où proviennent ses marques. Je veux pouvoir parler de la même personne indéfiniment, et de tout ce qu'elle a invoqué en moi et de ô combien ses empreintes demeureront des repères ancrées en moi qui jamais ne s'affaibliront, que même pas le Temps pourra édulcorer.

Cette fois-ci, c'était un tout autre jeu. J'avais cette fameuse prise de conscience, le silence s'installait paisiblement entre Marley et moi. Les premières secondes étaient paisibles, légères, jusqu'à ce que ma tête s'en mêle. Jusqu'à ce que les points d'interrogations, les hypothèses, les scénarii s'enchaînent dans mon esprit et entreprennent une valse vertigineuse. Alors, les secondes s'alourdissaient, s'éternisaient. Alors, je baissais les yeux sur les chutes de tissus colorés, luttant silencieusement contre le capharnaüm régit par cette stupide conscience. Cette stupide réflexion. Fuir aurait été simple, mettre cette phrase sur le compte de la paresse, l'idée de la peinture n'étant que sous-entendu. Ne pas aller vers les pulsions de vie ni de mort, ne pas désirer l'indésirable, ne pas tenter le Diable. Feinter, même si la trahison déchire ses traits.

« Et je suppose que tu n'as rien pour peindre sur toi, pas vrai? »

Ascenseur des sentiments, phase première. Je relevais les yeux, souriant, chassant les fantômes de mes réflexions. Non, je n'avais rien sur moi. Je prenais rarement de quoi peindre quand je sortais chez moi, ce qui pouvait paraître assez surprenant. On se donne l'image de l'artiste qui dessine dans la rue, qui copie ce qu'il voit, tel qu'il le voit. Pour ma part, je préférais revenir chez moi la tête pleines d'images et les régurgiter sur la toile, après qu'elles aient bien cogiter dans ma tête. L'intérêt était probablement que j'étais certain que de cette manière, tout serait de moi, et que seuls les éléments qui m'auraient marqués, aussi anodins à la scène puisse-t-il l'être, seront retranscrit à la valeur de mon cœur sur la toile. Je n'étais pas un peintre très ordinaire, j'étais plutôt un passionné caché et un peu je-m'en-foutiste. Après tout, je ne vivais pas financièrement de mes peintures et ne cherchais pas sérieusement à les vendre. D'une certaine manière, j'aurais l'impression de vendre des parts de mon âme à des inconnus en agissant de la sorte.

Les chutes se heurtent devant mes yeux et sont rapidement transportées par Marley dans une des pièces de l'appartement, probablement sa chambre. Mes yeux naviguent sur les différentes bouteilles de les deux verres, fredonnant doucement la musique d'une chanson qui campe solidement dans ma tête depuis le début de « ma » journée. J'ai le temps de finir un couplet et le refrain avant que Marley ne réapparaisse dans le salon et s'installe contre le canapé. Je stoppe la mélodie, tandis qu'elle prend la parole :

« Tu m'aimes. Vrai ou pas vrai? »

Il est de ces autres moments étranges où justement, votre tête vous joue des tours. Sur le coup, la question m'était si stupide, la réponse si inutile. Je ne voyais pas l'utilité de ces quelques mots, sachant qu'il n'y avait pas à chercher bien loin. J'aimais Marley, c'était évident. Sinon, je ne serais pas ami avec elle, sinon, nous ne serions pas si proches, sinon, en sept ans, on en aurait trouvé des moyens de nous séparer pour des voies totalement différentes. Mais voilà la définition et la lourdeur du sens « aimer ». J'avais déjà été prit à ce jeu, ce vil jeu. Lorsqu'une fille demande à un garçon s'il l'aime alors que ceux-ci sont vaguement – ou totalement – amis, ça tourne rapidement au vinaigre. Ça ne veut pas dire « Suis-je une bonne amie pour toi ? » mais plutôt « Est-ce qu'on pourrait sortir ensemble, un jour ? » C'est de ces messages presque codés pour nous, les individus lambdas de sexe masculin, que nous interprétons seulement après s'y être trompé. J'étais sorti avec la première fille pour lui avoir répondu un « oui » qui n'était pas sincère dans le sens qu'elle le désirait, mais que j'avais pas eu le courage de désenchanter tout de suite. Désormais, je savais que je n'avais rien à perdre. Je savais que si je fournissais un « oui » à Marley, bien évidemment qu'il serait vrai. Car il était certain que j'étais fou d'elle et que je n'aurais aucun mal à l'assumer si j'étais sûr et certain que notre futur serait encore plus agréable que le présent qui portait réellement bien son nom que nous possédions en ce moment. Après, voilà le genre de questions où tu ne veux pas répondre ni par une question, ni par la négation. Demander à Marley de définir le sens de « aimer » serait lui annoncer « je ne t'aime que d'une manière » et lui répondre « non » reviendrait au râteau que fournit la solution de l'interrogation. En outre, j'étais un peu au pied du mur. J'avais seulement le choix entre lui répondre un « oui » sec, ou un « oui » atomique.

Je penchais la tête sur le côté afin de croiser le regard de Marley, et, laissant les secondes en suspens, je contemplais un court instant la couleur de ses iris, jusqu'à ce qu'un fin sourire étire finalement mes lèvres délicatement. Je passais un doigt sur le menton de Marley, répondant avec toute la sincérité du monde :

« Vrai. »

Je l'observais quelques instants, guettant sa réaction, ne pouvant me retenir d'ajouter :

« Mais ce n'est pas une raison pour détourner le sujet de ma requête. »


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